Les règles de l’Irezumi

Qu’est-ce que l’Irezumi ?

Irezumi (Encrer dans la peau) ou Horimono (Gravure), renvoient au tatouage traditionnel japonais.

Cet art est composé de beaucoup de règles, par son approche qui se veut comme une étude de la nature. Ainsi, les tatoueurs cherchent à représenter une scène cohérente, avec une seule saison sur l’ensemble du corps. Le tatouage Irezumi est composé du Shudai, Keshobori et Gakubori. Il puise ses fondements dans les oeuvres d’Utagawa Kuniyoshi au XIXe siècle. A l’origine, l’irezumi était le type de tatouage qui figurait sur les estampes des bandits tatoués du roman Suikoden.

Ce style a tellement impressionné le peuple par le passé que ce style perdure même aujourd’hui.
En revanche, il souffre d’une mauvaise réputation au pays du soleil levant à cause de son lien avec le gang local, les Yakuza.Cet article se focalise sur les règles visuelles de l’Irezumi. Pour en savoir plus sur son histoire, vous pouvez consulter cet article.

Shudai, le sujet du tatouage

Le shudai est le sujet du tatouage. Il peut y en avoir plusieurs ou même aucun. Certaines compositions uniquement florales se dispensent d’un shudai, par exemple. Les personnages doivent êtres proches du style ukiyo-e, soit les estampes traditionnelles japonaises. Le shudai sert à transmettre une histoire, où une scène bien précise.

Il est mêlé à son décor et il existe donc des restrictions précises. On ne peut donc pas représenter le shudai n’importe comment, comme c’est le cas pour les carpes qui remontent la cascade. Il s’agit d’un phénomène qui se passe en automne, on ne peut donc pas représenter ce shudai contre le courant de l’eau avec des fleurs d’une autre saison.

Les différents types de shudai 

Il existe trois catégories principales de shudai:

  • Les Hommes, cela peut être des personnages du Suikoden, de théâtre, samurai…
  • Les animaux, fantastiques ou non comme un tigre ou un dragon…
  • Les êtres spirituels, des Yokai ou même des Dieux…

Malgré l’importance donnée au visuel bien plus qu’aux significations, le shudai reste un motif choisi en majorité pour son symbolisme. Selon Nakano Hirumi, la femme du tatoueur Horicho:

« Il y a toujours une histoire personnelle derrière le choix d’un motif de tatouage. Ainsi, moi j’ai choisi Kannon, divinité de la miséricorde car on me disait que j’avais le regard dur. »

Le Keshobori et ses saisons

Les Keshobori sont des embellissements floraux qui vont venir accompagner le shodai et le décorer. Ces fleurs sont très importantes car elles permettent d’identifier la saison dans laquelle se situe l’oeuvre. Ainsi, chaque tatouage peut se passer en automne, hiver, printemps ou encore l’été. C’est la plus grande différence avec les tatouages occidentaux. Dans le tatouage traditionnel japonais, on accorde énormément d’importance à la cohérence. De surcroît, on ne peut pas mêler plusieurs saisons sur un seul et même corps. Il faut choisir judicieusement chacun des Keshobori d’une même saison si on veut plusieurs fleurs différentes. Voici une liste :

  • Automne : Chrysanthèmes (Kiku), Feuilles d’érables (Momiji)
  • Hiver : Fleur de prunier (Ume), Pivoines (Botan), Camélia (Tsubaki)
  • Printemps : Fleurs de Cerisier (Sakura), Pivoines (Botan)
  • Eté : Pivoines (Botan), Chrysanthèmes (Kiku)

Le Gakubori et ses éléments

Le fond, ou « Gakubori » est l’élément qui va accompagner le Shodai et son Keshobori. Il existe le feu, le vent, l’eau et la roche. Le tonerre existe également, mais il est bien plus rare. En effet, le tonnerre sera présent avec Raijin ou Ryujin qui sont des dieux qui maîtrisent la foudre.La roche sera représentée en général avec l’eau, le feu avec une divinité qui maîtrise le feu.

Tout comme pour le Keshobori, il y a des règles à respecter. L’irezumi est semblable à une étude de la nature. Ainsi, on ne peut pas mettre de l’eau sur le dessus du corps et du vent sur la partie du dessous. Il faut être cohérent.
De même pour le feu, il ne peut pas être mit sur une partie basse du tatouage si de l’eau est au-dessus. Cependant, un corps peut être fait uniquement d’un élément.
C’est le cas notamment pour le donburi soushinbori du tatoueur
Horiyoshi III, qui est composé uniquement d’eau.

Les formes du Wabori

La dernière grande différence entre le tatouage traditionnel japonais et les tatouages occidentaux est la forme règlementée. En effet, l’Irezumi a une taille précise sur le corps et elle lui permet d’être dissimulé sous les vêtements. C’est pourquoi les mains et la tête ne sont jamais tatoués. Le Munewari classique contient une petite ligne sur le torse qui n’est pas tatouée. Il s’agit de la « rivière », qui existait afin de pouvoir laisser son kimono ouvert sans montrer son tatouage. La mentalité japonaise est très pudique sur le plan émotionnel et ils estiment que le tatouage fait partie de leur vie privée.

Le Katabori, la partie sur les aisselles est vierge car elle est très douloureuse mais également, car à l’époque de l’ère Meiji, les criminels étaient tatoués sur la tête et les bras, avec un cercle noir. Laisser cette partie vide permettait donc de prouver que l’on n’était pas un criminel.

« Tattoos should only be seen in private. It is pretty when you hide beauty. »

Horiyoshi III.

UN PROJET DE TATOUAGE ?